Photo: Marek Studzinski @ Unsplash.com
Les cardiologues sont des médecins spécialistes du cœur. Ils et elles traitent les troubles de santé reliés à cet organe essentiel, ainsi qu’à la circulation sanguine. Les cardiologues dépistent les problèmes, posent des diagnostics et prescrivent des solutions telles que la prise de médicaments ou certaines interventions chirurgicales. Ils et elles peuvent aussi enseigner, faire de la gestion et même mener des recherches scientifiques.
Paul Farand, cardiologue
À la fois médecin, chercheur et enseignant, le docteur Paul Farand est un homme occupé! Il pratique la cardiologie depuis 2006 au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, où il a suivi sa formation. Il y est maintenant directeur du Service de cardiologie.
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Entrevue
En quoi consiste le travail de cardiologue?
Ça dépend du domaine de spécialisation, mais aussi du lieu de travail! En plus de rencontrer les patients, un cardiologue peut être formé pour débloquer des vaisseaux sanguins, pour installer des stimulateurs cardiaques, ou encore pour effectuer des images du cœur et des vaisseaux.
En général, le tiers de mon temps est passé à pratiquer ma spécialité, tandis que le reste se divise entre les rencontres sur rendez-vous et celles avec des patients hospitalisés ou à l’urgence. Cependant, en région, la pratique du cardiologue est davantage axée sur la rencontre de patients à des fins de diagnostics et de suivis plutôt que sur les spécialisations.
Le terme «cardiologie» évoque l’image d’une délicate opération à cœur ouvert. Est-ce représentatif de la réalité?
Pas dans tous les cas! Si on est spécialisé en chirurgie cardiaque, on va effectivement faire de telles opérations, mais cela requiert une formation différente. Le cardiologue effectue souvent des interventions moins invasives. Pas besoin d’opérer à cœur ouvert pour débloquer un vaisseau! Maintenant, pour une majorité de patients, il est possible de faire ce genre d’intervention avec un petit tube de plastique qu’on fait passer par l’aine. Ça demande quand même de la dextérité, mais le lendemain, le patient est souvent prêt à rentrer chez lui.
En plus d’être directeur du département de cardiologie du CHUS, tu fais de la recherche scientifique. Quel est ton sujet d’étude ?
J’étudie ce qui touche à l’amélioration de la qualité de l’acte médical. On peut éviter beaucoup de mortalités sans nécessairement avoir recours à de nouvelles technologies. Il suffit de savoir comment mieux traiter les patients pour limiter les complications : le bon traitement, à la bonne personne, au bon moment, de la bonne façon. Ainsi, on optimise les ressources du système de santé!
Qu’est-ce qui t’a d’abord attiré vers la cardiologie?
Au départ, j’ai étudié en physique, sauf que je voulais davantage de contacts avec les gens. Je me suis donc tourné vers la médecine! Puis à un moment, pendant mes études, je devais m’orienter dans une branche plus précise, et plusieurs possibilités s’offraient à moi. J’ai choisi la cardiologie! J’aurais probablement été heureux, peu importe mon choix.
Quelle qualité te sert le plus dans ton travail?
Mon humanité! Il faut aimer les gens et se préoccuper de leur bien-être. Chaque décision doit être prise dans le meilleur intérêt des patients.
En tant que cardiologue, tu dois sûrement traiter des patients dont l’état de santé est très précaire. Comment gardes-tu le moral tout en côtoyant la mort de si près?
Je me suis effectivement impliqué dans des groupes en lien avec les soins palliatifs (les soins de fin de vie). Il faut prendre la peine d’écouter les désirs et préoccupations du patient, pour bien comprendre où il en est dans son cheminement personnel. La personne malade doit être au cœur des décisions concernant la fin de sa vie.
Te souviens-tu de ta première intervention sur un patient?
On ne vit jamais vraiment une «première» opération. L’apprentissage est très graduel : on commence par observer, puis on fait la partie la plus simple de l’intervention puis graduellement on se pratique et on gagne en confiance et en expérience à mesure qu’on s’implique davantage dans le processus.
Être médecin fait-il en sorte que tu es davantage à l’écoute de ton corps?
Pour certains médecins oui, mais ça dépend de la personnalité de chacun. Ce n’est pas vraiment mon cas… Après tout, ça fait très longtemps que je n’ai pas pratiqué la médecine générale.
Journée type
Une journée dans la vie de Paul
Le matin, Paul arrive de bonne heure à l’hôpital, histoire de faire un peu de paperasse avant de rencontrer des patients. Une bonne partie de sa journée est consacrée aux tâches cliniques, c’est-à-dire au suivi des patients ou au travail à l’urgence. L’enseignement à l’université occupe également une bonne partie de son horaire. Le tout est ponctué de réunions et de révisions des résultats des examens des patients. Ses journées sont bien chargées, mais c’est avant tout une question de choix!
Études
Le parcours universitaire de Paul
En 2000, Paul obtient son doctorat en médecine à l’Université de Sherbrooke, mais ses études ne s’arrêtent pas là! Toujours à Sherbrooke, il obtient son diplôme en médecine interne (2003), complète une maîtrise en pharmacologie (2004) et obtient finalement une spécialisation en cardiologie (2006).
Au cégep :
DEC en sciences de la nature (sciences pures et appliquées ou sciences de la santé et de la vie)
À l’université :
Les études en médecine sont réputées pour être longues. Si tu désires te spécialiser en cardiologie, arme-toi de patience!
Il faut d’abord compléter un doctorat de premier cycle en médecine (4-5 ans), offert dans les quatre universités suivantes :
Université de Montréal
Université de Sherbrooke
Université Laval (Québec)
Université McGill (Montréal)
Ensuite, on doit faire la résidence en médecine interne générale (4 ans), puis se spécialiser en cardiologie (2 ans). En centre universitaire, il est possible de poursuivre en recherche ou d’apprendre une surspécialisation (1-3 ans).
N.B. : Au Québec, pour pratiquer en tant que médecin, il faut obligatoirement devenir membre du Collège des médecins du Québec.
Et après?
Les perspectives d’emploi en cardiologie sont excellentes. En fait, il est très rare au Québec qu’un médecin spécialisé ne trouve pas d’emploi à la hauteur de ses compétences. En tant que cardiologue, on peut être engagé en centres hospitaliers, en cliniques médicales ou par les Forces armées canadiennes.