Illustration: Vigg
Quelle quantité de phosphore un sol peut-il emmagasiner avant d’en déverser de manière accrue dans les cours d’eau? Une étude avance des chiffres.
Le phosphore fait la vie dure à nos écosystèmes aquatiques, où sa surabondance entraîne une prolifération de cyanobactéries et étouffe ces milieux biologiques.
Sa principale source se trouve pourtant hors de l’eau : ce sont les activités agricoles en raison des déjections animales et des engrais. Si bien que, pour recouvrer la santé, des bassins versants particulièrement fragiles, à proximité de zones d’agriculture intensive dans le sud du Québec, auraient besoin d’une période sans nouvel apport de phosphore de 1 000 à 1 500 ans.
Ce sont du moins les projections avancées par un article paru dans Nature Geoscience l’automne dernier.
À l’aide d’une approche statistique, des chercheurs en limnologie de l’Université de Montréal et de l’Université McGill ont calculé le seuil à partir duquel la concentration de phosphore dans le sol, à l’échelle du bassin versant, accélérerait son déplacement vers les eaux de surface.
Pour y arriver, ils ont comparé les teneurs en phosphore dans les cours d’eau et sur les terres dans 23 bassins hydrographiques de la province entre 1985 et 2011. Ils ont ensuite complété le tableau historique des surplus annuels de phosphore de 1901 à aujourd’hui en estimant les flux à l’aide d’archives.