La chimie peut-elle régler la crise mondiale du recyclage des plastiques? Des entreprises et des chercheurs d’ici proposent de jongler avec les molécules.
P ierre Benabidès exhibe une fiole contenant des fragments de polypropylène rigide déchiqueté : ils sont roses, blancs, jaunes, bleus ou orange. Une autre fiole renferme la résine recyclée qui en résulte : des granules d’une couleur gris-vert ayant très peu de chances d’être élue couleur Pantone de l’année. « C’est comme un potage : il vire toujours au brunâtre, peu importe les légumes utilisés ! Il faudrait séparer les couleurs », indique le conseiller principal en matériaux et développement de marchés chez Éco Entreprises Québec, qui travaille de près avec les recycleurs et les centres de tri.
Cette soupe est le résultat du recyclage tel qu’il est pratiqué aujourd’hui. Il est dit « mécanique » : il consiste à trier, nettoyer, déchiqueter et fondre les plastiques pour en faire de nouvelles billes de résine. Bien qu’il soit essentiel, il a ses limites, comme en fait foi la crise mondiale qui plombe l’industrie du recyclage et à laquelle notre province n’échappe pas. Dans son dernier budget, Québec a donc annoncé des investissements de 100 millions de dollars sur cinq ans pour améliorer la gestion des matières résiduelles.