Vue sur le fleuve Saint-Laurent et la ville de Montréal. Image: André Chivinski/Wikimedia Commons
La qualité de notre eau potable pourrait souffrir des changements climatiques, a prévenu un chercheur lors du congrès de l’Acfas, le réseau francophone de la communauté scientifique.
Ianis Delpla, affilié à la Chaire de recherche sur l’eau potable de l’Université Laval, a présenté différents scénarios sur la qualité de l’eau potable du futur.
Dans l’un de ses projets, il a extrapolé à partir de données captées dans 24 sources un peu partout au Québec. Ces données concernent la turbidité de l’eau et la quantité de coliformes fécaux qu’on y trouve, deux valeurs-clés. Ses simulations portent sur un horizon de 70 ans et prédisent une hausse importante (20%) des coliformes fécaux en avril due à une hausse des précipitations et du ruissellement, ainsi qu’à la réduction de la période de gel.
Les travaux de M. Delpla et de son équipe révèlent également que la hausse des températures et les événements de pluies intenses, qui devraient devenir plus fréquents dans les prochaines années, auront un impact important sur la qualité des eaux de surface. «Au Québec, on a 80% de notre eau potable qui provient des eaux de surface», rappelle-t-il.
De plus, le Québec devrait continuer à connaître de fréquents épisodes de gel et dégel. Lorsque ces événements météo surviennent, le sel de déglaçage utilisé sur les routes peut se retrouver en grande quantité dans les sources d’eau potable.
Les épisodes de sécheresse-réhumidification sont un autre souci : ils favorisent la décomposition de la matière organique. Cette dégradation rapide nuit à la qualité des eaux de surface et il faut alors employer plus de produits chimiques pour maintenir une bonne qualité de l’eau. « Cela a un impact sur les coûts d’opération. Il faut plus de produits pour maintenir la qualité de l’eau ». En se basant sur 108 lieux de traitement, Ianis Delpla calcule qu’en été, pour une hausse de température de 5 °C, le taux de consommation du chlore chez l’humain double.
Si la qualité de l’eau potable est affectée par les changements climatiques, le chercheur souligne que les différentes infrastructures qui servent au traitement et à la distribution de l’eau en subiront aussi les contrecoups. « Les tempêtes peuvent complètement désorganiser les systèmes de communication et électriques qui font fonctionner l’usine de traitement d’eau potable. Dans les cas de froids extrêmes, cela peut bloquer la prise d’eau à l’usine », donne-t-il en exemple.
Atlas de l’eau
Lors d’une autre session du congrès de l’Acfas, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques en a profité pour dévoiler l’Atlas de l’eau, une carte interactive et accessible à tous les citoyens qui veulent examiner la qualité de l’eau. On y trouve notamment des données sur les cours d’eau, les stations d’épuration et les sources de pollution.