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24 novembre 2022
Temps de lecture : 3 minutes

Climat : un petit pas pour les pays défavorisés lors de la COP27

Image: Matthew TenBruggencate/Unsplash

La 27e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques s’est conclue avec la création d’un fonds pour venir en aide aux pays qui subissent les aléas de la crise climatique.

Il n’y a pas eu de nouvelles promesses pour réduire les émissions de gaz à effet de serre pendant la COP 27. Un échec, selon de nombreux experts climatiques. Comme l’a exprimé António Guterres, secrétaire général des Nations Unies « notre planète est toujours aux urgences. » Mais la conférence, qui avait lieu du 6 au 18 novembre à Charm el-Cheik, en Égypte, a au moins accouché d’un accord visant à mettre en place un fonds « pertes et préjudices » pour aider les pays plus vulnérables face aux catastrophes climatiques.

Le bilan avec Mark Purdon, professeur de stratégie, responsabilité sociale et environnementale à l’Université du Québec à Montréal et titulaire de la Chaire sur la décarbonisation, et Leila Cantave, militante pour la justice environnementale qui était sur place.

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Québec Science : Quel bilan faites-vous de la COP 27 ?

Mark Purdon, professeur de stratégie, responsabilité sociale et environnementale à l’Université du Québec à Montréal et titulaire de la Chaire sur la décarbonisation

Mark Purdon : J’ai l’impression que la communauté internationale, qui est touchée en ce moment par la guerre en Ukraine et les tensions politiques à Taiwan, ne s’est pas présentée avec le même niveau d’énergie qu’à la COP 26 de Glasgow l’an dernier. Cela a peut-être coupé l’herbe sous le pied de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

Il y a cependant eu un accord formel pour la création d’un fonds sur les pertes et préjudices. Il s’agit d’un accord visant à indemniser les pays en développement affectés par les dommages causés par la crise climatique. Pour l’instant, les pays ont accepté de créer un mécanisme de compensation financière, ce qui, je pense, est un bon pas.

QS : Croyez-vous que les pays vont réellement s’engager dans ce fonds?

MP : Les Nations unies ont l’habitude de mettre sur pied des instruments d’échange et des organismes de financement de toutes sortes, mais elles n’ont souvent pas les ressources suffisantes pour les faire fonctionner ou pour que le mandat puisse être accompli.

L’exemple le plus flagrant est le Fonds vert pour le climat, qui finance des projets de réduction des émissions de GES ou de résilience climatique dans les pays en développement. Il est clair que l’objectif fixé pour 2020, où l’on devait mobiliser 100 milliards de dollars par année, n’a pas été respecté. Nous sommes souvent en retard sur cet objectif net, qui a été annoncé pour la première fois lors de la conférence sur le changement climatique de 2009 à Copenhague et réaffirmé pendant la conférence sur les changements climatiques de 2015, à Paris. L’année dernière, à Glasgow, nous avons admis que nous ne l’avions pas atteint.

QS : Les entreprises pétrolières et leurs centaines de lobbyistes étaient présents à la COP 27. Qu’en pensez-vous?

MP : Il faut considérer les compagnies pétrolières comme des compagnies énergétiques avec beaucoup de ressources. Avec un peu de chance, l’une de ces compagnies pétrolières va faire la transition pour devenir un producteur d’énergie à faible émission de carbone. Je pense donc que leur présence est appropriée. À moins d’une sorte de révolution, il faut que ces compagnies pétrolières changent elles-mêmes. Et peut-être que certaines d’entre elles le font, peut-être que certaines d’entre elles ne le font pas vraiment.

À quoi servira le fonds pour les pertes et préjudices?

Les pays insulaires sonnaient l’alarme depuis une trentaine d’années, s’inquiétant de la montée des eaux qui menacent leur territoire et demandant le soutien financier des pays riches qui sont responsables de ces dommages environnementaux. La route a été longue avant d’en arriver à cet accord, comme l’illustre cette chronologie interactive.

Pour contrer les dégâts causés par la montée des eaux, l’intensification des périodes de sécheresse et de tempêtes, près de 200 pays ont accepté de créer le fonds pour les pertes et préjudices. Mais qui cotisera à ce fonds et dans quelle mesure? On l’ignore pour l’instant. La Chine ne financera probablement pas l’initiative, car elle est encore considérée par l’ONU comme étant un pays en développement. Le plus grand émetteur de la planète fait valoir que ce sont historiquement les pays industrialisés qui ont émis la très grande majorité des gaz à effet de serre.

Tisser des liens de solidarité : les jeunes à la COP 27

Leila Cantave, militante pour la justice environnementale

Au-delà des négociations officielles, la COP est aussi une occasion de réseautage et de mobilisation pour les organismes de la société civile. Leila Cantave faisait partie de la délégation jeunesse de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) à la COP 27. La jeune femme, issue de la communauté haïtienne, milite pour la justice environnementale et climatique. Pendant la COP, elle s’intéressait en particulier au volet des pertes et préjudices.

« C’était vraiment important pour moi de créer un sentiment de solidarité avec d’autres activistes et organisations du milieu environnemental et du mouvement climatique à l’international », raconte-t-elle en entrevue téléphonique.

Là-bas, la jeune femme a pu organiser une table ronde rassemblant des gens des communautés noires à travers le monde pour comprendre leurs demandes et leurs attentes. « On vit dans différents milieux et on vit les changements climatiques différemment selon notre situation géographique. » Elle souligne que la COP représente un bel espace pour pouvoir en discuter.

Pour Leila Cantave, la mise sur pied du fonds pour les pertes et préjudices indique que la voix des jeunes, des pays en voie de développement ainsi que des communautés marginalisées a été en quelque sorte entendue. Même si c’est loin d’être parfait et que la tenue de la COP est souvent remise en question, cette rencontre internationale a le pouvoir de faire avancer les choses, selon elle. « Je crois que la solidarité internationale entre les jeunes, les communautés autochtones, les pays du Sud et en voie de développement a vraiment permis de faire ce petit pas, cette petite lumière d’espoir. C’est important de retenir à quel point nous avons la capacité de changer les choses », conclut la bachelière en développement international, économie et études environnementales de l’Université McGill.

 

* Les propos ont été revus et condensés pour plus de clarté.

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