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Nombreux sont les parents écolos qui se demandent s’ils devraient opter pour les couches lavables ou les classiques jetables. Nous avons fouillé la question.
Au cours de ses deux premières années et demie de vie, un bébé souillera en moyenne quatre couches par jour, selon une étude britannique. À moins de faire d’énormes efforts pour s’en passer complètement, les couches font partie de la vie des familles, et nuisent à leur bilan écologique.
Aucune analyse de cycle de vie propre au Québec n’a été réalisée. Il existe bien une telle enquête pour la Grande-Bretagne, qui conclut que les couches, peu importe le type, produisent l’équivalent de 550 à 570 kg de CO2. Mais lorsque le consommateur de couches lavables adopte les meilleures pratiques, l’impact diminue de 40%.
Cependant, ces chiffres ne sont pas très utiles pour le Québec. « Souvent, les données de ce type d’étude ne seront valables que dans un contexte très spécifique », explique Elliot Muller, associé de recherche au Centre international de référence sur l’analyse du cycle de vie et la transition durable (CIRAIG). C’est le cas pour les couches.
Il est tout de même possible de se faire une idée en soupesant les forces et faiblesses des deux types de produit.
Les couches jetables, une catastrophe environnementale

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Les couches jetables sont certes pratiques, mais leur fabrication, leur transport et leur élimination représentent un coût environnemental important. De plus, puisque les couches sont fabriquées en grande partie avec différentes sortes de plastiques (comme le polyester et le polyéthylène), elles se décomposent au bout de… 500 ans! Les couches jetables sont d’ailleurs l’une des principales sources de déchets plastiques sur la planète, selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) publié en 2021. Leur popularité ne semble pas prête de diminuer; au contraire, le marché mondial pour ce produit devrait croître de 4,9% d’ici 2030, d’après la firme Grand View Research.
Au fil des ans, les fabricants ont tenté de diminuer l’impact environnemental du produit en utilisant moins de matériaux qui seront ultimement enfouis dans les dépotoirs. Le poids des couches a ainsi baissé « près de 50 % au cours des trois dernières décennies », selon le rapport du PNUE. D’autres ont tenté de mettre au point des couches jetables dites « biodégradables ». Elles sont faites de cellulose, d’amidon et de maïs… mais contiennent aussi du plastique, bien qu’il soit présent en moins grande proportion que dans les autres couches jetables. Une équipe européenne en a analysé pour découvrir que si certaines composantes se dégradaient au bout de 60 jours, le reste, qui était constitué de plastique, demeurait intact.
Les couches lavables, la planche de salut?
Quant aux couches lavables, qui incarnent une solution de rechange écologique aux yeux de biens des parents, elles ont également un coût environnemental lié à leur production. On peut penser à l’eau et aux pesticides utilisés pour la culture du coton, du chanvre, du bambou, par exemple, ainsi qu’à l’énergie dépensée lors de la fabrication et aux émissions de gaz à effet de serre associées au transport de ces fibres.
Cependant, en utilisant un même lot pour plusieurs enfants (imaginons une famille qui réutilise les couches de leur premier enfant, devenu propre, pour leur second enfant avant de les donner à une cousine), ce coût environnemental associé à la fabrication est réduit. Il faut également que ce lot contienne un nombre de couches raisonnables.
Enfin, dans nos maisons, ces couches doivent être lavées et séchées régulièrement, un processus qui consomme eau et énergie. Dans un scénario idéal au point de vue écologique, les couches devraient être nettoyées avec un minimum de détersif, à l’eau froide, dans une machine où la capacité est maximisée, puis séchées à l’air libre. L’utilisation d’appareils le moins énergivores possible aide à abaisser le coût environnemental.
Il faut aussi noter que la source d’électricité peut influencer le coût environnemental de la couche. Par exemple, dans les pays où l’électricité est produite à partir de charbon, le recours aux couches lavables peut s’avérer plus polluant, d’après l’étude du PNUE.

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Le grand gagnant
Puisque l’énergie utilisée pour le lavage au Québec est généralement hydroélectrique, la couche lavable a probablement l’avantage, surtout si elle est utilisée pour toute une fratrie ou revendue sur les Kijiji et autres Marketplace de ce monde. « Il faudrait vraiment faire énormément de lavages pour que la couche lavable devienne pire que la couche jetable au point de vue écologique », conclut Elliot Muller.