Entrevue avec un chasseur d’éclipses

Mongolie, Libye, Australie, Argentine… Jean-François Guay, chasseur d’éclipses, parcourt la planète pour assister à ces spectacles célestes.

Le 8 avril prochain, Jean-François Guay vivra sa douzième éclipse solaire totale. À force de parcourir le globe pour traquer ces phénomènes, il a emmagasiné quelques souvenirs de chasse mémorables.

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Québec Science Comment organisez-vous vos voyages pour assister aux éclipses solaires?

Jean-François Guay Je me déplace là où l’éclipse solaire totale se produit. Ce type d’événement survient environ tous les 18 mois quelque part sur Terre. Je planifie mes vacances en fonction de ces destinations, ce qui m’a réservé de très belles surprises. Ça me permet de découvrir des lieux que je n’aurais jamais pensé visiter, comme le désert de Gobi en Mongolie, par exemple. Les déserts sont souvent choisis pour les statistiques météo favorables.

En 2006, je suis allé en Libye, au cœur du désert du Sahara, où la couverture nuageuse est la plus faible sur Terre. On avait 98 % de chance d’avoir un ciel dégagé. L’organisation du voyage était complexe. Il fallait trois jours en 4×4 pour se rendre au milieu du désert. Il fallait aussi être complètement autonome et transporter toute la nourriture, l’eau et l’essence nécessaires. Ça fait partie du plaisir de la chasse aux éclipses de réussir à être au bon endroit au bon moment.

Pour la prochaine éclipse, le Québec n’est pas avantagé au niveau de la couverture nuageuse. Les statistiques météo [basées sur plusieurs années précédentes] indiquent environ 70 % de risques de nuages le 8 avril. Je me dirigerai probablement vers le sud du Texas où les risques de nuages sont d’environ 35 %.

QS Qu’est-ce qui a déclenché votre passion pour la chasse aux éclipses?

JFG C’est souvent la même histoire pour tous les chasseurs d’éclipse. On en observe une par hasard, puis on en veut encore et encore. Dans mon cas, la première éclipse était en 1999, en France chez des amis d’université. Depuis, cela n’a jamais cessé. J’ai raté quelques éclipses comme celle en Antarctique, mais le voyage coûtait environ 80 000 $!

QS Y a-t-il beaucoup de personnes qui chassent des éclipses dans le monde?

JFG Nous sommes peut-être 20 000 à suivre les éclipses de cette façon et à ne pas en rater une. Au Québec, nous sommes peut-être une quinzaine.

QS Utilisez-vous un équipement particulier pour capturer l’éclipse?

JFG Oui, je pratique l’astrophotographie. Comme l’éclipse se passe très rapidement, et qu’on souhaite également la regarder, j’utilise un système automatisé avec un ordinateur qui contrôle 5 à 6 caméras photos pour prendre des photos au moment opportun avec des temps de pause différents.

QS Y a-t-il une éclipse en particulier que vous considérez comme la plus mémorable?

JFG Il est difficile de nommer une éclipse en particulier. J’aime bien celles qui surviennent près de l’horizon, au lever ou au coucher du Soleil. J’ai assisté à une éclipse en Argentine au coucher de Soleil, juste au-dessus de la cordillère des Andes. Cela fait de très belles photos. J’ai aussi aimé la Libye et la Mongolie pour les voyages associés à ces éclipses.

Un événement marquant était l’éclipse ayant eu lieu en Chine en 2009. Il s’agissait de la plus longue que j’ai eu l’occasion d’observer, d’une durée d’environ 6 minutes.

Voici une photo d’une éclipse solaire totale que Jean-François Guay apprécie particulièrement. Il a immortalisé cette éclipse qui s’est produite en Australie le 20 avril 2023. Photo: Jean-François Guay