À quel point est-il nécessaire de multiplier les médicaments, passé un certain âge? La D re Alexandra S. Arbour se penche sur la déprescription chez ses patients.
Par un bel après-midi, je reçois dans mon bureau madame Gagnon, 78 ans, accompagnée de sa fille. Elles sont tout sourire et me remettent une boîte de chocolats. « Merci, docteure, grâce à vous, ma mère va tellement mieux ! » s’exclame la fille. Je baisse la tête et regarde le dossier pour me rafraîchir la mémoire. Quelle pilule miracle lui ai-je donc prescrite au dernier rendez-vous ? Ah oui ! Ça me revient… Je lui en ai plutôt enlevé quatre !
Madame Gagnon était venue me voir quelques mois plus tôt pour des problèmes cognitifs et des chutes. La liste de ses médicaments se détaillait alors comme suit : une benzodiazépine à l’heure du coucher pour dormir ; un antidépresseur pour la dépression ; un diurétique pour ses jambes enflées ; une aspirine pour la prévention cardio-vasculaire (madame n’a jamais fait de crise cardiaque ni d’accident vasculaire cérébral) ; un antiacide pour protéger l’estomac. À cela s’ajoutaient un antihypertenseur, une statine, de la vitamine D, du calcium et un laxatif.
Madame Gagnon illustre à merveille ce qu’est la polypharmacie, c’est-à-dire le fait de prendre plus de cinq médicaments.