Richard Carignan, professeur au département des sciences biologiques de l’Université de Montréal, signait en mai 2004, dans Québec Science, un article qui sonnait l’alarme sur l’état de dégradation déjà très avancé du lac Saint-Pierre. Dix ans plus tard, nous avons demandé au spécialiste de la bio-physico-chimie des plans d’eau douce ce qu’il pensait de la situation actuelle. Entrevue.
Dix ans après la publication de votre article, que pensez-vous de cette «crise de la perchaude»?
C’est désolant de voir à quel point rien n’a changé. Il a fallu qu’une espèce commercialement importante soit sur le point de disparaître pour que les autorités se réveillent et se penchent sérieusement sur l’état du lac. À la base, le problème du recrutement de la perchaude provient de la pollution de l’eau. Les rivières qui se déversent dans le lac sont pleines de pesticides et d’engrais; les usines d’épuration de la région de Montréal déversent encore dans le fleuve en amont une eau trop sommairement traitée.
Y a-t-il encore une chance de réussir à restaurer le lac?
Restaurer le lac? C’est l’agriculture et nos usines d’épuration qu’il faut restaurer! Au Québec, l’agriculture non durable est la norme. Des milliers d’hectares de terres en monoculture sont drainées par de grands bassins versants qui convergent vers un seul lac qui, lui, subit le choc de plein fouet.