Des archives d’échantillons d’air permettent de retracer l’histoire de gaz nocifs pour la couche d’ozone ou le climat.
Quand le vent d’ouest se lève à Cape Grim, au nord de la Tasmanie, des scientifiques australiens mettent cet air en bouteilles. Car il est difficile d’en trouver du plus pur sur Terre : celui-ci vient de survoler l’océan Austral et n’a croisé aucune ville ou usine sur des milliers de kilomètres. « S’il y a un changement dans cet air, cela veut dire qu’il y a quelque chose qui se passe à l’échelle de la planète », explique Élise-Andrée Guérette.
Cette Québécoise travaille au Global Atmospheric Sampling Laboratory pour le CSIRO, l’agence gouvernementale de recherche scientifique australienne. Les échantillons prélevés à Cape Grim sont examinés dans son laboratoire d’Aspendale, en banlieue de Melbourne.
La plupart sont analysés sur-le-champ ou envoyés par la poste à des centres de recherche à travers le monde. Mais de quatre à six fois par année, une bonbonne en acier inoxydable se voit réserver un autre destin : rester sur une tablette ! Cette mise à l’écart, répétée depuis 1978, a permis de constituer une banque de 170 échantillons d’air ambiant entreposés à Aspendale. Chacun d’eux contient l’équivalent de 2 000 à 4 000 l d’air comprimé dans une bouteille d’une grosseur analogue à celle qu’on trouve sur un barbecue au gaz.