Il y a 2,6 millions d’années, des forêts parsemaient le pays jusqu’au-delà du cercle polaire. Alexandre Guertin-Pasquier, du département de Géographie de l’Université de Montréal, est allé gratter le sol de l’Île Bylot, au nord du Nunavut, au niveau du 73e parallèle. Là-haut, à 2000 km de la forêt actuellement la plus septentrionale, l’étudiant en maîtrise a étudié des restes d’arbres découverts il y a quelques années et datant de 2,6 à 3 millions d’années ! À cette époque, la température annuelle moyenne qui régnait sur l’île était de 0°C contre –15°C aujourd’hui.
Pour dater le site, le chercheur a utilisé plusieurs méthodes comme le paléomagnétisme (l’empreinte dans les sédiments du champ magnétique qui varie de direction avec le temps), l’étude des grains de pollen et la chronologie des espèces éteintes (dont on connaît la date relativement précise de d’extinction).
« Il ne s’agit pas de fossiles mais bien de restes d’arbres, explique le jeune chercheur. Ils sont restés emprisonnés dans de la tourbe, recouverts par des sédiments et conservés par le froid. Ce qui explique l’absence de contamination par des germes et leur étonnante préservation ».

Les arbres ne peuvent pas provenir de bois apportés par les flots car ils présentent des radicelles qui auraient été irrémédiablement détruites par le voyage dans l’eau.