Sous le ciel bleu azur de cette journée d’été, les villages du Bas-Saint-Laurent affichent des airs de stations balnéaires. À la hauteur de Sainte-Luce, la route 132 offre un panorama superbe sur le fleuve, devenu si large qu’il ressemble à la mer. Difficile de croire que, quelques mois plus tôt, ces flots paisibles se sont déchaînés, détruisant des dizaines de maisons, des portions entières de route et inondant la côte sur des kilomètres. À bien y regarder, il reste encore des stigmates de cette grande marée dévastatrice du 6 décembre 2010: quelques maisons bancales et abandonnées; çà et là, un balcon arraché, un mur de pierre défait. La route flambant neuve traduit cependant la volonté des hommes de reprendre leurs droits sur ce territoire qu’ils disputent au fleuve.
L’ampleur du désastre a tout de même forcé de nombreux résidants à rendre les armes, au grand dam de Gaston Gaudreault, le maire de Sainte-Luce. «Il y avait déjà eu des tempêtes, mais jamais autant de dégâts. Dans la commune, une quarantaine de sinistrés ont demandé de l’aide. Nous avons dû émettre 46 permis de démolition», déplore-t-il. Une dizaine de résidants ont même décidé de plier bagage pour s’installer sous des cieux plus cléments.