Exploration du Saint-Laurent en plein hiver
Photo: Alexis Riopel
Il fallait affronter la mer. Alors que le navire était réfugié dans la baie de Gaspé, à l’abri de la tempête, il a été appelé pour dégager un vraquier, le Cresty , coincé dans la glace près de l’île d’Anticosti.
En cette journée de février, les vents soufflent à 40 nœuds (ou 74 km/h). La proue de l’ Amundsen , le brise-glace de la Garde côtière canadienne, défonce la houle de deux mètres, projetant des gouttelettes par-dessus la rambarde. Les embruns gèlent rapidement, figés par l’air à -15 °C. Des jets montent si haut qu’ils frappent les fenêtres de la timonerie, cinq étages au-dessus de la surface de l’eau.
Peu importe l’appel à l’aide du Cresty : les mauvaises conditions météo auraient forcé l’abandon de toute entreprise scientifique aujourd’hui. Pour la vingtaine de chercheurs à bord, cette pause forcée est l’occasion de souffler un peu. Certains d’entre eux jouent aux cartes ou au babyfoot, d’autres se reposent dans leur cabine, tandis que je me mets à écrire dans le salon de l’équipage. Depuis un peu plus d’une semaine, l’équipe travaille de longues journées pour percer les mystères hivernaux du fleuve, de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent. Une région qui, malgré sa proximité avec le Québec de la terre ferme, est très mal comprise durant la saison froide.