La carte Pulse de GHGSat combine les données de l’entreprise et celles d’autres organisations. Elle donne une idée des zones chaudes en matière de méthane ; pour plus de précision, il faut payer les services de la firme. Plus de 56 % des émissions fugitives détectées par les satellites de GHGSat pendant le premier semestre de 2021 provenaient d’installations gazières et pétrolières. Image: pulse.ghgsat.com
L’entreprise québécoise GHGSat repère les fuites de méthane industrielles partout sur la planète grâce à sa constellation de satellites. Visite guidée.
Stéphane Germain connaît maintenant la planète comme le fond de sa poche. Ou du moins, c’est l’impression qu’il donne alors que son curseur vogue d’un continent à l’autre, attirant notre attention sur les coins mêmes les plus reculés. «Je n’aurais jamais pensé connaître la géographie du Turkménistan!»
C’est dans ce pays que son entreprise, GHGSat, a repéré la plus grosse fuite industrielle de méthane, s’échappant d’une station de compression de gaz naturel, en 2019. Le méthane, incolore et inodore, contribue fortement à l’effet de serre ; il emprisonne 84 fois plus de chaleur sur une période de 20 ans qu’une quantité équivalente de gaz carbonique (CO 2 ). En plus des industries pétrolière et gazière, l’élevage, les dépotoirs, les mines de charbon, la gestion des eaux usées et la culture du riz en sont les principaux émetteurs.
Comme il est très difficile de détecter ces panaches de méthane au sol, GHGSat les traque plutôt grâce à trois petits satellites lancés ces dernières années et équipés de spectromètres ultraspécialisés conçus par l’équipe (huit autres suivront d’ici la fin de 2023). Ils permettent de déceler des fuites aussi «petites» que 100 kg par heure.