«Les Canadiens, s’ils se pointent ici, on va leur bloquer la route. Et s’il faut faire exploser leurs camionnettes pour leur montrer qu’on n’entend pas à rire, on va le faire. C’est la guerre!»
Les propos sont durs, et pourtant la voix et le regard de Jenny Lujàn demeurent posés, paisibles même. Assise à côté d’un portrait de Che Guevara dans son salon aux murs de pierre, sirotant son maté dans une tasse à l’effigie du sous-commandant Marcos, cette Argentine assure qu’elle n’a rien d’une révolutionnaire. «À Famatina, tout le monde pense comme moi. On s’oppose tous au projet d’Osisko.»
Heureusement pour les journalistes qui s’aventurent jusqu’ici, à 1 300 km au nord-ouest de Buenos Aires, Jenny Lujàn n’en veut pas à tous les Canadiens. Elle s’en prend aux compagnies minières qui reluquent l’or de la cordillère des Andes, et tout particulièrement à Osisko, une société basée à Montréal, qui envisage d’ouvrir une mine sur le mont General Belgrano, à quelques kilomètres de Famatina, où Jenny travaille comme psychologue.
Il y a 9 ans que ce village de 6 000 âmes se bat contre l’ouverture d’une mine d’or à ciel ouvert, un projet initialement proposé par une autre compagnie canadienne, Barrick Gold.