La baie de Baillarge, île de Baffin. Photo: Environnement et Changement climatique Canada
Des chercheurs canadiens ont décelé la présence de morceaux de plastique dans l’eau de surface, le zooplancton, les sédiments et dans la neige du Nunavut.
L’étude publiée dans FACETS montre que les «microplastiques» sont omniprésents au Canada, et pas seulement en milieu urbain, comme dans le Saint-Laurent. Ce terme réfère aux fibres, billes et morceaux de moins de 5 millimètres utilisés dans certaines industries et dans des produits de nettoyage ou encore issus de la fragmentation d’objets de plastique, d’emballages, de sacs et de vêtements synthétiques, comme le polyester.
La collecte d’échantillons a commencé en 2017, à bord du navire de recherche NGCC Amundsen. Les scientifiques ont visité une trentaine de sites localisés en Arctique de l’Est, de la baie d’Hudson au nord de la baie de Baffin. «Nous tentons de comprendre la pollution par les microplastiques dans des régions éloignées et moins peuplées. Nous aimerions en savoir davantage sur la trajectoire de ces polluants», explique en entrevue l’une des scientifiques au projet, Chelsea Rochman. Cette chercheuse à l’Université de Toronto s’intéresse à ces fragments depuis une dizaine d’années.
Pollution humaine
Les biologistes ont trouvé des microplastiques dans 19 des 21 échantillons d’eau de surface. Ces particules étaient en grande majorité des fibres de couleur bleue.
«Ces fibres proviennent de jeans ou d’autres types de textiles teints. Les vêtements, les tapis et les meubles sont une source importante de microplastiques dans l’environnement. Il est courant de l’observer, particulièrement dans les zones urbaines éloignées», explique Chelsea Rochman.
Des fibres ont également été retrouvées en grande proportion dans les échantillons de zooplancton (18 sur 20). «J’ai été surprise d’y découvrir des microplastiques. Cela démontre qu’il y a une contamination à la base de cette chaîne alimentaire, qui nourrit ensuite une grande partie de notre écosystème», constate la chercheuse.
Un scénario similaire s’est reproduit pour les sédiments (détection de microplastiques pour 18 des 20 sites).
L’équipe a trouvé une plus faible présence dans les échantillons de neige (seulement 1 sur 7). L’an dernier, une autre équipe avait investigué le sujet dans un archipel norvégien arctique.
S’agit-il de pollution causée par les villages aux alentours des sites d’échantillonnages ou alors ces fragments ont voyagé depuis d’autres régions du pays ou du monde? «Nous avons tenté d’établir une relation entre nos résultats et les populations humaines en amont d’où nous avons prélevé des échantillons, mais nous n’avons trouvé aucune corrélation. Rien ne nous indiquait que la population était à l’origine de ce que nous avions relevé», explique-t-elle.
Selon l’une des hypothèses émises par les chercheurs, les fines particules de plastique pourraient être transportées par les grands courants atmosphériques et océaniques.
Si les chercheurs peuvent témoigner de la présence de microplastiques en Arctique, d’autres études seront nécessaires pour comprendre la provenance exacte.