Cet orignal, photographié en Ontario, est infesté par la tique d’hiver. L’animal s’est frotté contre des arbres au point de s’arracher de grands pans de fourrure. Photo: Don Johnston MA/Alamy Stock Photo
De nouvelles menaces pèsent sur les populations d’orignaux, en particulier la sanguinaire tique d’hiver. Si la situation n’est pas encore alarmante au Québec, elle appelle à la vigilance, et à un meilleur suivi des cheptels.
Depuis quelques années, dans toutes les régions où il pratique la chasse, Alexandre Gobeil croise le chemin d’orignaux malingres, ayant perdu de larges plaques de fourrure. « J’en ai vu dans la région de Portneuf, en Charlevoix, en Gaspésie… Il y en a partout ! Quand j’en vois un comme ça, je le laisse passer », raconte l’homme qui chasse ce gibier emblématique depuis plus de 15 ans. Il a pourtant entendu dire que le mal dont souffrent ces animaux n’altère pas la qualité de la viande ; mais l’idée d’en consommer le dégoûte tout de même. En effet, ces cervidés mal en point sont en fait couverts… de tiques.
Il n’y a pas que les adeptes de chasse qui s’inquiètent. « Les premiers cas dont j’ai entendu parler remontent à 2006-2007. L’infestation est très visible : les animaux perdent leurs poils, deviennent anémiques, et la charge [c’est-à-dire la quantité] de tiques peut les tuer. Sur certains, on a trouvé 80 000, voire 100 000 tiques ! » raconte Jean-Pierre Tremblay, professeur au Département de biologie de l’Université Laval et spécialiste de l’orignal.