En attendant le Nobel de biologie
Illustration: Vigg
On sent une certaine exaspération chez les chimistes depuis quelques années. Un énervement qui les gagne toujours en automne, pendant la semaine d’octobre où sont remis les prix Nobel. Leur message est toujours le même : « On vous aime beaucoup, chers biologistes, vous faites du beau travail, mais laissez notre prix Nobel tranquille, d’accord ? »
L’automne dernier, c’est l’attribution du Nobel de chimie à Jennifer Doudna et Emmanuelle Charpentier, pour la mise au point de l’extraordinaire outil d’édition génétique CRISPR-Cas9, qui a fait tiquer certains chimistes. Aucun d’entre eux ne conteste que ces deux chercheuses méritaient cette prestigieuse distinction − la révolution technologique mise en branle par CRISPR-Cas9 est à ce point énorme qu’il était assuré qu’au moins un prix Nobel y serait rattaché. Mais ces chimistes ne sont tout simplement pas certains que ce soit vraiment… de la chimie.
Jean-François Morin, professeur de chimie à l’Université Laval, est du nombre. « Il est vrai que la chimie est au cœur de presque toutes les sciences maintenant, sauf peut-être la physique, dit-il. La biochimie, la microbiologie, tout cela revient à des processus moléculaires, alors c’est normal que dans d’autres disciplines on fasse de la chimie.